Vaccination : l’âge est le facteur de risque principal

4 février 2021

L’ABSyM a la conviction que la volonté de tri sur la base de facteurs de comorbidités, si elle est une belle idée en théorie, entraînera tant de difficultés pratiques qu’elle aura des effets plus néfastes que bénéfiques.
 

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Bruxelles, le 4 février 2021

 

L’ABSyM a la conviction que la volonté de tri sur la base de facteurs de comorbidités, si elle est une belle idée en théorie, entraînera tant de difficultés pratiques qu’elle aura des effets plus néfastes que bénéfiques.

 

En effet :

 

- On va oublier des patients. L’autorité croit qu’il sera possible en un clic d’obtenir la liste des patients élus à la priorisation de la vaccination. Ce ne sera pas le cas. Certains fonctionnaires déclarent qu’ils utiliseront les médicaments prescrits pour dépister les patients à risque. Cela exclura un grand nombre de patients (par exemple, les personnes obèses). D’autres déclarent qu’ils utiliseront les diagnostics repris dans les dossiers médicaux informatisés des médecins généralistes. Or, par exemple, 50% des Bruxellois n’ont pas de dossier informatisé. Il est évident qu’utiliser ce moyen exclura également un grand nombre de patients.

 

Le seul moyen de rester équitable et de n’oublier personne serait de développer un programme informatique. De manière pragmatique, nous pensons qu’il n’est pas possible de proposer un programme informatique sans bug dans un délai de temps aussi court, se basant sur des décisions du Conseil supérieur de la santé connues depuis ce 3 février, tard dans la journée. 

 

Le risque est alors qu’on s’engage dans un piège temporel dans lequel, en voulant offrir un gain de temps pour les patients à risque par rapport aux patients du même âge, on se retrouve à retarder la vaccination entière à cause des délais de déploiement de cette solution informatique. Le Conseil supérieur de la santé a estimé dans son avis #9597 que 1,3 millions de Belges faisaient partie du groupe à risque des comorbides de moins de 65 ans. Sans informatique, leur identification prendra des semaines. L’ABSyM craint qu’au final, on se retrouve avec un système arrivant trop tard et amenant un surcroît de travail aux médecins : si on perd trop de temps pour tout organiser, nous serons tous perdants.

 

- On va créer des listes de malades : à force de faire des listes, un jour, une loi finit par en changer l’usage et le patient listé se retrouve lésé. Même si l'on pouvait vivre dans un monde où il est possible de créer un programme informatique sans bug en un éclair, l’établissement de listes de malades resterait un danger majeur. L’ABSyM s’oppose à l’établissement d’un listing permettant la levée du secret médical. Dans le système proposé, la seule date de vaccination permet déjà à quiconque de savoir que la personne devant soi souffre de maladie puisqu’elle aura fait partie des prioritaires. Imaginez les conséquences si demain cette date de vaccination doit être produite pour obtenir un emploi ou pour d’autres démarches. Le risque de stigmatisation paraît trop grand pour l’ABSyM.

 

- On va créer un afflux massif de patients vers la médecine générale : tous les patients qui n’auront pas reçu leur sésame de vaccination anticipée prendront rendez-vous chez leur médecin pour réclamer leur droit à être prioritaire. Cela va compliquer l’accessibilité médicale pour des patients qui ont besoin d’être soignés.

 

Enfin se pose la question de la finalité : aucun facteur de risque de morbidité ne dépasse le risque lié à l’âge. Vacciner par tranche d’âge est déjà une vaccination ciblant le risque le plus grand de faire une forme sévère de COVID-19. L’ABSyM ne comprend pas la volonté de stigmatiser des patients pour un gain individuel faible. Elle ne comprend pas non plus que l’autorité puisse oser prendre le risque de retarder l’intégralité du plan de vaccination pour un gain individuel faible. L’urgence est de vacciner la population, pas d’en être encore à réfléchir comment complexifier davantage la campagne de vaccination.

 

Si nous avions des moyens informatiques matures, simples et garantissant la confidentialité permettant en un clic d’inscrire ces patients, la discussion pourrait être ouverte. Le terrain sait que ce n’est pas le cas.

 

Les six gouvernements belges vont provoquer un retard majeur à la campagne en voulant développer une solution complexe si tardivement.

 

Dr Philippe Devos

Président de l’ABSyM

 

 

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