Pas de dernier déjeuner avec Marc Moens
BRUXELLES 21/05 - Tout à l’heure, je déjeune avec mon ami le Dr Marc Moens. Marc Moens est mon ami, et ce avant même qu’il ne soit médecin. Nous avons partagé la même ville, le même collège, le même club de jeunes et le même mois d’anniversaire. À un moment donné, nous aurions pu devenir beaux-frères. Mais le désir, la vie et la carrière nous ont séparés jusqu'à ce que nos routes se croisent à nouveau, il y a quelques décennies.
Il existe différents types d'individus. La plupart d'entre eux sont des ruminants silencieux qui ne se déplacent qu'en masse, en troupeaux. Les démonstrations, manifestations et autres prides ont été inventées pour eux. Ils sont également une chair à canons idéale. A heures fixes, ils encombrent les autoroutes, tous en route vers la même destination ; se retrouvent dans les aéroports pour s'envoler vers un pays étranger, au soleil, avec un billet à 36 euros et 250 grammes de bagages à main ; ou encore, ils s'engouffrent dans des trains qui s'arrêtent au beau milieu de la campagne, laissant les passagers parmi les odeurs de transpiration et les cris d'enfants.
D'autres sont des suricates. Ils sont constamment sur le qui-vive. Se tiennent sur leurs pattes arrière et regardent plus loin que le bout de leur nez. Ils caquètent sans cesse. Mais en cas de danger, ils s'enfuient vite, se cachent dans un trou ou un arbre. En outre, ils font de nombreux descendants qui deviennent, à leur tour, des suricates.
Et puis, il y a les prédateurs et les mangeurs de cadavres. Les hyènes, crocodiles, casoars, les huissiers et notaires du règne animal. Toujours à la recherche de profit, d'un droit en plus, d'une compensation supplémentaire. Les lecteurs un peu plus âgés savent bien comment ils sont. Je n'ai pas besoin de les décrire plus en détail.
Et enfin, il y a ceux qui remontent le courant. Ils recherchent l'eau la plus claire, n'abandonnent jamais, sautent par-dessus les cascades et les rapides. Volent au-dessus des mers et des montagnes. Ce sont des symboles, des pionniers, des émissaires de bonnes nouvelles. Ils sont également très savoureux à table. A condition de ne pas rester trop longtemps dans la poêle.
Je ne veux pas dire par là que le Dr Marc Moens est un saumon. Mais qu'il est un individu raffiné, intelligent et patient. Un battant qui a survécu à d'innombrables hypocrites, bouffons et arrangeurs, qui les a remis à leur place et a parfois même réussi à donner l'impression qu'il les félicitait. Le Dr Moens est un grand diplomate. Le rapport annuel de la VBS, qu'il rédigeait en tant que secrétaire général, à l'occasion de l'assemblée générale, était chaque année non seulement riche en informations mais aussi une perle de l'écriture. C'était ce qu'il y avait de mieux en médecine et ce ne sera plus jamais pareil. Sa présidence du syndicat de médecins BVAS a été exemplaire. Ce gentilhomme têtu va leur manquer.
Nous avons atteint, ensemble, l'âge où nous pouvons être grincheux, vieux mais aussi tendres et sages. L'âge où, assis ensemble dans un endroit agréable, nous pouvons dire, lors d'un repas simple mais copieux : « Ce n'est pas que je ne comprenne pas, mais je voudrais savoir ce que tu comprends. » Et ensuite : « Juste. C'est tout simplement ça. » Et nous ne nous soucions pas de cette règle : « Et c'est très anormal de dire la vérité à tout le monde. Ça ne va pas. C'est contraire à l'ordre. La loi ne le permet pas. »*
Marc van Impe
*Citation de De Waarzegger, planche 2310, 1954. Auteur Marten Toonder
Source: Mediquality
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