Ostéopathie sans prescription , l'ABSyM réagit
Vous pouvez lire ici la lettre adressée aux ministres concernés.
M. le Premier Ministre Charles Michel
M. Alexander De Croo Vice-Premier Ministre et Ministre de la Coopération au développement, de l’Agenda numérique, des Télécommunications et de la Poste
M. Kris Peeters Vice-Premier Ministre et Ministre de l’Emploi, de l’Économie et des Consommateurs, en charge du Commerce extérieur
M. Didier Reynders Vice-Premier Ministre et Ministre des Affaires étrangères et des Affaires européennes, en charge de Beliris et des Institutions culturelles fédérales
M. Jan Jambon Vice-Premier Ministre et Ministre de la Sécurité et des Affaires intérieures, en charge de la Régie des bâtiments
Mme Maggie De Block Ministre des Affaires sociales et de la Santé publique
Bruxelles, le 27 juin 2016
Monsieur le Premier Ministre, Messieurs les Vice-Premiers Ministres, Madame la Ministre,
L’Association Belge des Syndicats Médicaux tient à vous faire part de ses préoccupations quant à l’évolution du dossier de l’ostéopathie, reconnue comme étant l’une des quatre pratiques non conventionnelles régie par la loi du 29 avril 1999 relative aux pratiques non conventionnelles dans les domaines de l’art médical, de l’art pharmaceutique, de la kinésithérapie, de l’art infirmier et des professions paramédicales.
Nous avons appris, de manière informelle, que l’objectif serait que l’ostéopathie puisse, dans le futur, être pratiquée de manière autonome et sans prescription médicale.
Nous sommes particulièrement alarmés par cette perspective. Lors de la concrétisation parlementaire de la loi précitée du 29 avril 1999, nous nous y étions déjà fermement opposés et ce, à plusieurs occasions. Par la suite, nous avions expressément demandé la suppression de cette même loi. Notre position était et est actuellement partagée par la majorité des médecins et des instances scientifiques.
Le rapport 148B du KCE du 13 janvier 2011 mettait d’ailleurs en garde contre des complications liées à l’ostéopathie, pouvant même comporter certains risques mortels, surtout dans le cas de manipulations du cou ainsi que pour des traitements inutiles et contrindiqués effectués par des ostéopathes sur de jeunes enfants. Le rapport démontrait également qu’il n’existait que de très rares preuves du bien-fondé de l’ostéopathie, exclusivement pour soulager des maux du bas du dos et des douleurs de nuque. Le rapport du KCE ne suggère en aucun cas que l’ostéopathie puisse être pratiquée de manière autonome.
Nous nous référons également à l’avis de la commission paritaire pour les pratiques non conventionnelles du 9 janvier 2014 relatif à la liste des traitements autorisés et non autorisés pour les ostéopathes. La grande majorité des membres s’oppose vivement à la suppression de la prescription médicale et souhaite que le diagnostic soit réservé aux formations médicales universitaires. Nous ne voyons pas pour quelle raison, comme exigé par l’article 3 de la loi du 29 avril 1999, le Roi se détournerait de cet avis.
Pour l’ABSyM, l’ostéopathe est un kinésithérapeute disposant d’une formation complémentaire en ostéopathie qui peut effectuer certains traitements, sur prescription médicale. Il est pour nous indiscutable que seuls les médecins acquièrent la formation et les compétences nécessaires pour poser un diagnostic et puissent, sur cette base-là, rédiger une prescription afin d’initier un traitement, dans l’intérêt du patient.
L’ABSyM craint que l’exercice de l’ostéopathie sans prescription médicale entraîne en outre des dépenses supplémentaires car les ostéopathes ne souhaiteront pas seulement que l’assurance maladie rembourse leurs propres prestations mais exigeront, de toute évidence, le remboursement des examens supplémentaires prescrits par leurs soins, dans le domaine de l’imagerie médicale en premier lieu. Nous ne devons pas vous rappeler que la pression liée aux dépenses en matière de soins de santé est actuellement très forte et qu’un surplus de rayons ionisants n’est pas recommandé pour notre population.
En résumé, l’ASByM défend une médecine de qualité et ne peut donc décemment accepter l’idée que l’ostéopathie puisse être exercée sans prescription médicale.
Nous restons bien évidemment à votre disposition pour tout complément d’information éventuel.
Meilleures salutations,
Dr Marc Moens Président de l’ABSyM
À propos de l'ABSYM
Nous défendons une médecine libre avec un modèle de rémunération à l'acte, complétée par des forfaits.
Par exemple, en médecine générale, nous défendons toutes les formes de pratique et pas seulement les pratiques de groupe multidisciplinaires comme nos concurrents.
Le médecin généraliste solo doit pouvoir garder sa place.
En ce qui concerne les spécialistes, nous défendons tous les spécialistes y compris ceux qui exercent en dehors de l'hôpital.