Les postes de garde aussi ont droit à un financement correct

25 janvier 2023

En raison d'un financement de l’Etat insuffisant et peu transparent, de nombreux postes de garde manquent peu à peu d'argent. Nous soutenons leur demande d'un modèle de financement correct. Si cela dépend de l’ABSyM, les coopérations fonctionnelles peuvent également être supprimées.

Image
euro's

De nombreux postes de garde ont récemment tiré la sonnette d'alarme. Les ressources financières mises à disposition par l’INAMI ne sont plus suffisantes pour garantir un fonctionnement normal et l'octroi des budgets n'est pas parfaitement transparente. En particulier, le budget dédié au personnel et aux transports, qui représente les trois quarts des dépenses totales, est une préoccupation majeure pour les postes de garde et leurs administrateurs. Une indexation de 8,24 % est prévue pour 2023, alors que les coûts réels ont augmenté de 12,62 %.

Il en va de même pour les autres coûts, à savoir les contrats de maintenance pour le matériel et les logiciels, la tarification, le loyer et les services publics pour la maintenance de l'infrastructure. Aucun ajustement de l'index n'est prévu pour une série d'autres postes de dépenses tout aussi incontournables, tels que la comptabilité, les assurances, le matériel de bureau, le téléphone, l'internet ou un terminal bancaire.

Double capacité d'acceuil

Mais ce sont surtout les frais de personnel qui inquiètent les administrateurs des postes de garde. En pleine crise du Covid, de nombreux postes de garde ont doublé leur capacité d’accueil pour gérer l'afflux de patients. Jusqu'à fin 2022, ils bénéficiaient d’un remboursement équivalent à deux temps plein de personnel d'accueil et ce, grâce à un budget Covid. Mais depuis janvier, ce règlement ne s'applique plus.

Bon nombre de ces postes de garde sont contraints de conserver cette double capacité d’accueil. Revenir à un seul employé à l’accueil ne ferait qu'entraîner plus d'appels manqués et un retard dans les soins. Par ailleurs, l’augmentation des agressions verbales et autres envers le personnel et les médecins sont inquiétantes. Les postes de garde qui ont déposé une nouvelle demande de subside pour pouvoir bénéficier de deux personnes à l’accueil avant 2023 l'ont introduit pour rien. Il n'y a plus d'argent. Tout cela, on le devine, suscite de l’inquiétude au sein du personnel.

Ce sont surtout les frais de personnel qui inquiètent les administrateurs des postes de garde.

Un sur trois postes de garde

Tous ces troubles surviennent au moment où  le gouvernement veut mettre en place les coopérations fonctionnelles. Les médecins généralistes ne pourront alors organiser leur permanence qu’au sein de coopérations reconnues d'au moins trois postes de garde pour une zone d'au moins 300. 000 habitants. Un seul des trois postes de garde est autorisé à rester ouvert la nuit, ce qui oblige parfois les patients à parcourir jusqu'à 30 kilomètres et à croiser un ou plusieurs services d'urgence pour se rendre au poste de garde.

L’ABSyM s'est opposée dès le départ à ces coopérations fonctionnelles.  Fin novembre 2020, nous avons introduit au Conseil d'État une requête en annulation de l'arrêté royal instaurant ces coopérations. Selon nos dernières informations, un jugement est attendu au plus tôt en avril 2023.

Une opération déguisée de réduction des coûts

Bien que les coopérations fonctionnelles fassent partie de la « Loi Qualité », elles ne sont en aucun cas conçues dans une optique d'amélioration de la qualité. En soi, il s'agit d'une opération déguisée de réduction des coûts.  D’autant plus vrai maintenant que le système de triage promis avec le numéro d'appel national 1733 n'est toujours pas opérationnel excepté pour quelques régions, et que les moyens manquent toujours.

Pour l’ABSyM, il ne fait aucun doute que ce type de coopération ne peut réussir que si elle vient de la base, des cercles de médecins généralistes ou des postes de garde eux-mêmes.  Nous déplorons la prise de conscience tardive des autres organisations de médecins de la création de coopération qui nous est imposé par le Gouvernement ignorant complètement les besoins sur le terrain et n’ayant pour seule motivation que l’économie.

L’ABSyM mettra tout en œuvre pour soutenir les postes de garde lors de la prochaine médicomut.

 

Dr. Johan Blanckaert, président ABSyM

Dr. Luc Herry, vice-président ABSyM

Dr. Jos Vanhoof, administrateur ABSyM et président du VAS

À propos de l'ABSYM

Nous défendons une médecine libre avec un modèle de rémunération à l'acte, complétée par des forfaits.
Par exemple, en médecine générale, nous défendons toutes les formes de pratique et pas seulement les pratiques de groupe multidisciplinaires comme nos concurrents.

Le médecin généraliste solo doit pouvoir garder sa place.

En ce qui concerne les spécialistes, nous défendons tous les spécialistes y compris ceux qui exercent en dehors de l'hôpital.