La Mutualité chrétienne estime que les médecins ne devraient pas gagner plus que le Premier ministre : réaction du Dr Marc Moens
BRUXELLES 02/02 - Dans le quotidien De Morgen du 1er février, Luc Van Gorp affirme que la rémunération des médecins ne peut être supérieure à celle du Premier ministre. Son propre salaire peut donc être plus élevé. La Mutualité chrétienne n'a pas l'habitude d'être transparente au point de dévoiler le salaire et les avantages, tels que la pomme pour la soif et la pension, de son président.
Ce n'est qu'alors que chacun en connaîtrait la part dans le milliard d'euros que les caisses d'assurance maladie reçoivent des autorités au titre de frais administratifs. La question a déjà été posée à plusieurs reprises, mais il s'agit un dialogue de sourds.
Ceci soit dit en passant... À l'exception des hôpitaux universitaires, les médecins ne perçoivent pas de salaire. Ils travaillent en tant qu'indépendants. Le calcul a déjà été effectué à plusieurs reprises : si les médecins travaillaient en tant que salariés, leurs frais de personnel augmenteraient d'environ 80% en raison des cotisations sociales, de l'assurance groupe, des congés obligatoires et de la récupération des permanences 24/7, effectuées par un grand nombre de médecins compte tenu de la semaine normale de 38 heures.
Un timing inopportun
La nouvelle série de coups portés aux médecins par Luc Van Gorp arrive à un moment inopportun, et ce pour trois raisons. Tout d'abord, le journal De Standaard publie en première page (le 1er février également) que 460.000 malades de longue durée sont négligés par les mutuelles parce qu'ils ne constituent pas une priorité absolue.
La Mutualité chrétienne admet faire remplir des documents médicaux par du personnel non qualifié. Avec ensuite, pro forma, un paraphe par un médecin conseil. Invoquer le poids de l'administration pour expliquer le manque de médecins conseils masque la réalité, à savoir que le travail de ces médecins n'est pas respecté par la hiérarchie, ni financièrement, ni sur le fond. Tout comme M. Van Gorp a peu de respect pour les médecins tout court.
Le fait que sa démarche s'inscrive au beau milieu de la lutte contre le coronavirus est une deuxième raison de la qualifier d'inappropriée. Les médecins ont déjà assez de tension et de stress quotidiens pour apporter aux patients les soins nécessaires - parfois dans des circonstances extrêmement difficiles, avec la peur d'être eux-mêmes infectés et de contaminer leur partenaire ou leurs enfants - pour être aujourd'hui entraînés dans un sentiment de culpabilité par un ex-infirmier qui a gravi les échelons.
Il rapporte - par compassion ou par sarcasme, ce n'est pas clair - qu'il y a aussi des médecins qui, en raison de la crise du Covid-19, n'ont pas pu exercer et n'ont donc pas gagné leur vie. Notre syndicat s'est assuré qu'ils aient droit à une aide des autorités, en tant qu'indépendants. Qu'a fait la Mutualité chrétienne pour ses membres médecins?
La réforme de la nomenclature, plus que jamais d'actualité
Troisièmement, il fait comme s'il n'était pas au courant de la réforme importante de la nomenclature, qui est pleinement en cours et sur laquelle travaillent trois équipes d'experts. Ou s'agit-il d'un désintérêt de sa part ? Pour l'ABSyM, la réforme de la nomenclature s'est toujours inscrite dans un continuum.
Ces dernières années, de nombreux ajustements ont déjà été faits pour des professions moins attrayantes financièrement, comme la médecine générale, la psychiatrie, la pédiatrie, l'oncologie, la dermatologie..., en plafonnant des disciplines plus lucratives.
L'ABSyM travaille activement à cette réforme en profondeur de la nomenclature. Le principe d'une rémunération liée au travail est pour l'ABSyM une considération majeure : le degré de difficulté, la durée de la formation, les facteurs de stress, les urgences, les gardes, etc. doivent être pris en compte, tout comme - c'est essentiel aussi - la qualité des prestations.
Une dernière remarque éthique, pour conclure
Enfin, un certain nombre de membres de la direction de la Mutualité chrétienne siègent dans des conseils d'administration d'hôpitaux. Il n'est pas rare que dans ces hôpitaux, les gestionnaires ajoutent, sans le consentement des médecins, des suppléments importants aux honoraires, suppléments qui finissent intégralement dans les caisses de l'hôpital. Je suppose que de telles pratiques seront explicitement interdites dans le nouvel avis éthique de la Mutualité chrétienne que De Morgen a pu lire.
Dr Marc Moens,
Président honoraire de l'ABSyM
Source: Mediquality
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