Communiqué de presse: Pas besoin d’une nouvelle donne dans les soins de santé
Bruxelles, le 26 février 2019
Douze « experts » ont publié une note de vision concernant les réformes dans les soins de santé qui, selon eux, sont indispensables. Cette note est un plaidoyer contre le paiement à l’acte et se montre en faveur de la suppression des suppléments d’honoraires. Si l’on s’en réfère aux 12 « experts » en question, il faut repenser l’intégralité du système des soins de santé tel qu’on le connaît aujourd’hui. C’est plutôt étonnant quand on sait qu’hier encore, le rapport du Health Consumer Index 2018[1] stipulait que de nets progrès avaient été enregistrés dans les soins de santé belges, ce qui place la Belgique au rang de 5e pays le plus performant d’Europe en matière de soins de santé.
La composition du petit groupe d’« experts » est totalement arbitraire et bon nombre d’entre eux ne sont pas prestataires de soins. L’ABSyM, bien qu’elle soit le plus grand et le plus représentatif des syndicats de médecins, n’a pas eu voix au chapitre au sein de ce panel. Il n’est pas non plus question de personnes familiarisées d’une quelconque façon avec la pratique de terrain.
Les « experts » proposent de passer à un système de financement dans lequel le paiement à l’acte ne serait désormais plus prépondérant. Ils proposent de rémunérer les médecins par groupe de patients. Cette vision des choses est diamétralement opposée à celle de l’ABSyM. Nous sommes intimement convaincus qu’en tant que médecins, le fait d’être majoritairement payés à l’acte renforce la qualité des soins et l’accessibilité à ceux-ci. Nous sommes d’ailleurs soutenus en ce sens par la grande majorité des médecins. Une enquête du Journal du médecin[2] a démontré que 83% des médecins étaient pour le maintien du paiement à l’acte.
En outre, le rapport inhérent au Health Consumer Index 2018 vient tout juste d’établir que l’accessibilité aux soins représentait l’un des atouts majeurs du système des soins de santé belge : « Les patients peuvent directement se tourner vers un médecin généraliste (dans certains pays, cela n’est pas évident) et reçoivent relativement vite un rendez-vous auprès d’un spécialiste* ». Pour l’ABSyM, il est évident que toute évolution vers un système forfaitaire avec des patients inscrits et un système de paiement se faisant principalement par habitant compromettra l’accessibilité, d’autant que la population est trés contente des soins actuels.
L’ABSyM ne peut s’empêcher de penser que, dans leur soif de changement, les « experts » cherchent à détruire les piliers qui se trouvent être les fondements de la réussite du système des soins de santé belge. Un autre système de financement des médecins rendra les suppléments d’honoraires superflus, écrivent-ils. Alors que chacun sait pertinemment que les hôpitaux ne parviennent à survivre financièrement que grâce aux suppléments d’honoraires. La suppression de ceux-ci entraînerait à coup sûr des faillites et la fermeture des hôpitaux.
L’« amende relative à l’urgence » pour les patients qui passent par le service des urgences pour un problème qui ne s’avère pas urgent ne peut compter sur l’approbation de l’ABSyM. Des coûts supplémentaires considérables sont déjà facturés aux patients qui se présentent spontanément au service des urgences, indépendamment du fait qu’un problème grave soit ou non diagnostiqué par la suite.
Pour l’ABSyM, la conclusion est claire : nos soins de santé, nos patients et nos médecins n’ont absolument rien à gagner avec la nouvelle donne proposée par ces 12 « experts » autoproclamés. Cela n’est pas sans rappeler la Nouvelle donne (New Deal) que le Président Roosevelt avait mise en place en 1932 pour lutter contre la Grande Dépression aux États-Unis. Pour la plupart des Américains, elle fut un échec. Il fallut attendre la fin de la Seconde Guerre mondiale, qui se révéla d’ailleurs être l’événement majeur qui permit aux USA de sortir de la récession.
Dr Marc Moens
Président de l’ABSyM
[1] https://healthpowerhouse.com/media/EHCI-2018/EHCI-2018-report.pdf
[2] Qui êtes-vous docteur? Édition spéciale du Journal du Médecin, 21 décembre 2018
*NDLT: traduction libre
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