Communiqué de presse: NUMERUS CLAUSUS
NUMERUS CLAUSUS
Bruxelles, le 10 octobre 2014
L’ABSyM comprend la détresse des étudiants et leur aversion pour le numerus clausus (NC) mais ne peut souscrire à l’argument d’une pénurie de médecins justifiant l’abandon de la planification existante.
La société (par le biais des médias) ne peut à la fois dénoncer une surconsommation des soins de santé et prétendre que les besoins ne sont pas assumés.
Les étudiants ne peuvent pas à la fois défendre la liberté de choix des études et, s’ils l’ont, le droit d’avoir accès à la profession sous prétexte qu’il serait inhumain de leur refuser après des études aussi longues.
Il faut d’ailleurs remarquer que les adversaires du NC prétendent que le diplôme de médecin peut conduire à de nombreuses autres activités qu’aux soins de santé eux-mêmes. C’est actuellement partiellement vrai mais ces activités ne peuvent absorber actuellement plus de 20% des diplômés. Il n’est cependant pas interdit de penser que ces activités se développeront à l’avenir mais elles ne requièrent pas un numéro INAMI.
Il faut rappeler qu’historiquement, le NC était le résultat d’un large consensus entre le politique, les mutuelles et toute la profession - pas seulement l’ABSyM mais aussi le Cartel, le GBO, les maisons médicales et les universités. La pléthore était évidente et ressentie par tous. Le trop plein de diplômés se déversait en médecine générale. Les universités s’opposaient à une formation crédible en médecine générale car elles craignaient de ne plus pouvoir le faire si elles se trouvaient limitées par un nombre insuffisant de maîtres de stage. Elles avaient inventé un système où les jeunes diplômés s’installaient dans leur propre pratique de médecine générale avec une supervision assez lâche où un maître de stage avait la charge d’une quinzaine de stagiaires. Les profils de l’INAMI, à cette époque, ont montré que la moyenne des contacts de ces jeunes médecins généralistes était d’environ cinq patients par semaine.
C’est certainement grâce au NC que la médecine générale a pu être revalorisée et incontestablement gagner en qualité.
La situation actuelle de centaines d’étudiants incertains de leur sort est le résultat du sabotage de la planification par les universités francophones qui n’ont jamais respecté les accords. Elles n’ont volontairement pas pris des mesures qui s’imposaient en amont et ont profité du désarroi des étudiants pour les pousser à manifester afin de supprimer le NC.
Cela crée un grave problème communautaire (les universités flamandes ont toujours loyalement respecté les accords et ne produisent pas un tel surplus) au point que les dentistes flamands et d’autres réclament aujourd’hui la scission totale de la sécurité sociale.
Bien sûr, l’ABSyM est sensible aux problèmes des diplômés en excès qui risquent de ne pas pouvoir exercer dans le cadre des soins de santé.
L’ABSyM s’engage, en tous cas, à explorer toutes les solutions pour trouver la plus satisfaisante comme elle l’a déjà fait il y a quelques années puisque cela fait la deuxième fois que la Communauté française supprime les mesures de sélection et donc, que le problème se reproduit.
Cela ne sera pas simple pour autant car, comme on le sait, il y aura deux promotions qui sortiront en même temps en 2018 : la dernière à avoir 7 ans d’études et la première à ne plus avoir que 6 ans. Assurer la formation d’une double cohorte (pendant 3 à 10 ans) pose d’ores et déjà de gros problèmes. Il faut assurer à la fois des postes de stage et les financer. Les universités admettent qu’elles n’en ont pas les moyens et ne pourront assurer la qualité. Elles envisagent ni plus ni moins de les envoyer à l’étranger.
Enfin, il faut savoir que la décision de donner un numéro INAMI à ces jeunes consœurs et confrères n’appartient pas à l’ABSyM. C’est un problème politique. Bien sûr, nous donnerons notre avis mais contribuer à supprimer toute planification serait suicidaire pour la profession et détrimentiel pour la qualité des soins.
Dr Marc Moens Dr Roland Lemye
Vice-président de l’ABSyM Président de l’ABSyM
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