SOS des médecins en détresse... (Dr C.Depuydt)

19 novembre 2020

Si notre situation actuelle était une chanson, tel pourrait en être le titre. Je reçois des témoignages de plus en plus nombreux venant de confrères et consœurs sur leur fatigue, leur désarroi, leur débordement face à ce qu’ils vivent au quotidien non seulement depuis le mois de mars, mais en fait depuis bien plus longtemps que cela. 
 

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Si notre situation actuelle était une chanson, tel pourrait en être le titre. Je reçois des témoignages de plus en plus nombreux venant de confrères et consœurs sur leur fatigue, leur désarroi, leur débordement face à ce qu’ils vivent au quotidien non seulement depuis le mois de mars, mais en fait depuis bien plus longtemps que cela. 

 

Personne n’est épargné par la crise actuelle, ce collègue médecin généraliste qui revient après 10 jours de covid, amaigri, essoufflé mais qui dit devoir reprendre, pas le choix. Sa messagerie de téléphone déjà surchargée d’appels et de demandes de tests, d’attente de résultats, de certificats divers et variés. Cette anesthésiste qui doit libérer  toute sa plage horaire pour rendre accessible le bloc opératoire mais dans le même temps rester disponible pour les éventuelles urgences, sans rémunération aucune.  Ce dermatologue qui a du lors de la première vague fermer quasi entièrement sa consultation et se retrouve sans revenus; puis qui se trouve débordé des retards de rendez-vous et de diagnostics à rattraper; ensuite ballotté dans la mer de la deuxième vague à devoir jongler entre mesures de sécurité, confinement et nécessités médicales. Ce médecin en formation qui n’en peut juste plus, qui a chopé la Covid, mais qui n’est pas rémunéré durant sa maladie. Cette intensiviste qui pleure sur la mort qu’elle doit annoncer plusieurs fois par jour et sur son impuissance et son épuisement.

 

J’ai un triple message :

 

Aux usagers des soins, entendez, s’il vous plaît, que nous sommes humains, pas des robots, nous aussi prenons cette crise de plein fouet dans la figure.

 

Merci de patienter quand nous avons du retard; merci de votre respect qui est, soyez en sûrs , réciproque; merci d’entendre que parfois nous avons besoin de repos et ne pouvons pas vous recevoir dans la journée. Merci de votre reconnaissance et de votre gratitude, cela nous rappelle pourquoi nous faisons ce métier. 

 

Aux collègues, je voudrais dire : le métier de médecin est beau de par sa diversité, restons solidaires pour faire valoir un minimum nos droits. Que nous soyons médecin en formation, spécialiste en hôpital ou en ambulatoire, généraliste, flamand, francophone, débutant ou confirmé. Ce n’est qu’ensemble que nous pourrons traverser cette crise et construire aussi un futur plus serein pour tous. Au delà des clivages, soutenons-nous les uns les autres dans la mesure de nos possibilités. Soutenons le MACS qui réclame que ses heures sup’ soient payées, le médecin indépendant qui demande à être traité comme n’importe quel autre indépendant et pouvoir avoir le droit passerelle s’il rentre dans les conditions, le médecin hospitalier qui se demande comment il va pouvoir être compensé de l’arrêt de son activité, le médecin en cabinet qui a du arrêter 80% de se consultation à un  moment ou à un autre, et qui ne sera jamais rétribué pour ce manque à gagner, celui qui ne sait pas quand il pourra prendre quelques jours de congés, celui qui ne sait même plus comment il s’appelle du fait de l’épuisement. 

 

Soyons solidaires et soudés entre nous, nous avons tous à y gagner. Et puis, prenez soin de vous, prenez du repos, aussi, ménagez-vous des temps de pause et de calme.

 

Aux politiques, enfin, je voudrais juste leur dire :

 

Ne nous oubliez pas!

 

J’ai beaucoup de respect pour le travail fourni par tout le corps soignant durant cette crise, et suis reconnaissante qu’ils puissent avoir une prime bien méritée. J’admire le dévouement et le professionnalisme des infirmiers et de toutes les « blouses blanches ». Sans eux, les soins de santé n’existeraient juste pas. 

 

J’ai beaucoup d’empathie pour la situation des indépendants dans l’horeca et les petits commerces et je trouve cela juste et nécessaire qu’ils puissent bénéficier du droit passerelle et qu’ils aient les moyens de subsister tant que faire se peut. 

 

Mais ne croyez pas que les médecins sont épargnés de l’épuisement, des inquiétudes financières, somatiques, familiales. Ne croyez pas que nous resterons vaillants contre vents et marées, ad vitam eternam. La plupart d’entre nous ont atteint leurs limites, ils sont proches de l’épuisement et au bord de craquer. Alors s’il vous plaît, dans vos mesures de soutien aux hôpitaux, aux blouses blanches, aux indépendants, n’oubliez pas les médecins. 

 

Ne nous oubliez pas...

 

Source: Le Spécialiste

 

 

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