Pénurie de médicaments au sein des hôpitaux :
l’ABSyM accuse le Ministre De Backer de sa mauvaise gestion
L’ABSyM s’étonne que le Ministre Philippe De Backer affirme que les hôpitaux ne manquent pas de médicaments essentiels pour le traitement du COVID-19. Il existe bel et bien une pénurie notamment en ce qui concerne les sédatifs pour les patients qui nécessitent une ventilation. A tel point que l’AFMPS recommande aux hôpitaux d’utiliser des médicaments vétérinaires non testés sur l’homme.
Bruxelles, le 15 avril 2020.
A en juger par la communication du Ministre Philippe De Backer, il n’y aurait aucun problème. Le stock de curare serait par exemple suffisant, une nouvelle commande aurait même été effectuée et nous permettrait d’être suffisamment approvisionné jusqu’à la fin du mois de mai claironne-t-il dans son communiqué du 8 avril dernier. On peut y lire également qu’un stock stratégique de morphine se construit et que de nouvelles livraisons de produits tels que le propofol et midazolam sont en route.
« Grâce à une équipe d’inspecteurs disponibles sept jours sur sept, toutes les questions ont été résolues. Il n’y a donc pas de pénurie de médicaments essentiels actuellement » déclare le Ministre De Backer dans son show de bonnes nouvelles.
La réalité sur le terrain est bien différente. L’agence fédérale des médicaments, l’AFMPS demande aux hôpitaux d’attendre pour effectuer une commande jusqu’à ce qu’ils n’aient plus que 48 heures de stocks disponibles. Les commandes doivent être effectuées uniquement par e-mail mais l’AFMPS ne réagit pas à ces e-mails, même s’ils sont renvoyés plusieurs fois.
Cela nous conduit finalement après la deadline des 48h d’approvisionnement et les médecins des unités de soins intensifs sont obligés d’utiliser des médicaments de remplacement non-appropriés pour plonger dans le coma les patients qui doivent être placés sous respirateur. Nous connaissons des hôpitaux qui ont passé leur commande et qui ont été livrés cinq jours plus tard. Soit l’AFMPS nous garantit la livraison des médicaments dans les 48 heures dans 100 % des cas, soit elle cesse de demander aux hôpitaux de signaler la fin de leur stock seulement 48 heures à l’avance.
L’exemple du propofol, le sédatif le plus utilisé et le plus sûr est saisissant. Un jour, l’AFMPS nous a signalé qu’il n’y avait plus de propofol à usage humain disponible, mais que les médecins recevaient, comme alternative, l’autorisation d’administrer du proposure, un anesthésique pour chiens et chats.
S’il n’y avait pas de pénurie, pourquoi l’AFMPS recommanderait-elle d’utiliser des produits vétérinaires ? Et qui plus est : les médecins sont soumis à un devoir d’information. Devraient-ils alors signaler aux patients et à leur famille qu’il n’y a pas de pénurie mais que le Gouvernement les oblige à travailler avec des médicaments vétérinaires non testés sur l’homme ?
Il est très important que les médecins puissent axer leur éthique médicale sur une information transparente quant à l’ampleur de la pénurie. Conformément aux règles d’éthique, la médecine dite de catastrophe ne peut être hantée par le spectre du « premier arrivé, premier servi ». Le produit qui viendra à manquer doit être réservé par les médecins aux patients ayant le meilleur taux de survie, ce sont eux qui sont susceptibles d’en bénéficier le plus.
Cela implique donc que les médecins ne pourront plus utiliser ce produit pour d’autres patients. Aujourd’hui déjà, les équipes des services de soins intensifs sont contraintes à ce triage éthique parce qu’elles reçoivent des informations boiteuses de l’AFMPS, elles effectuent ce tri sur base du stock local. Faut-il alors s’étonner que de nombreux médecins aient perdu confiance en leurs institutions ?
En conclusion : en l’absence de médicaments essentiels, le nombre de lits disponibles équipés d’appareils respiratoires n’est plus le facteur limitant, mais bien le nombre de patients pouvant être mis sous sédation avant le prochain approvisionnement de médicaments. Le médicament est le goulot d’étranglement de cette pandémie. A cause de la mauvaise communication du Ministre De Backer, une grande incertitude règne au sein des hôpitaux : auront-ils suffisamment de médicaments pour terminer le mois de mai ?
Les patients qui sont sous respirateurs le restent entre 21 et 31 jours. Il est par conséquent essentiel pour les médecins que le Gouvernement puisse nous garantir une vision à 31 jours.
Dr Philippe Devos,
Président
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