Le Specialiste® #Médecinbashing : trop is te veel (Dr C.Depuydt)

24 avril 2019

Les médecins sont-ils de petits êtres trop sensibles et susceptibles  ou est-on véritablement en train d’assister à un médecin bashing en bonne et due forme de la part des politiques  et des mutuelles ? Mon avis est clair sur la question : il semble en effet, que depuis quelques temps, les critiques souvent illégitimes pleuvent sur la tête de médecins. 

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On leur reproche pêle-mêle, leur manque de disponibilité et d’empathie, leur paternalisme empreint parfois de mauvais traitements (cfr la Une du Vif l’express du 01 juin 2018 « docteur, les femmes c’est pas du bétail »), les suppléments  d’honoraires dont on sous-entend qu’ils vont directement dans leurs poches pour agrémenter encore un peu plus leur déjà confortable  matelas financier (cfr les mutualités chrétiennes qui en font un argument majeur dans leur mémorandum en vue des élections de mai 2019, cfr également le rapport de Solidaris sur les suppléments d’honoraires en ambulatoire sorti ce 29 mars 2019). 

Le dénigrement des médecins par les autorités de tutelle leur fait porter la responsabilité du risque de développement d’une médecine à deux vitesses entre les patients nantis et ceux qui ne le sont pas. Les mêmes autorités remettent en doute la représentativité des syndicats médicaux pour affaiblir le contre-pouvoir qu’ils représentent (cfr la sortie de Maggie Deblock dans le Tijd du 26/01/19). 

Dans le même temps, les médecins sont inondés de paperasseries et obligations administratives, auxquelles vient de se rajouter, fort opportunément, la tenue à jour d’un portfolio dès 2021 (cfr les précisions du Cabinet de Maggie De Block dans le Specialiste ce 12/04/19). En parallèle, ils doivent aussi s’informatiser pour la pratique d’une e-santé qui les soumet à toujours plus  d’obligations (prescriptions électroniques par exemple) alors même que le système reste fort instable et se plante régulièrement pendant plusieurs heures laissant médecins et patients sur le carreau.

D’aucuns pourraient soupçonner que ce qui est présenté comme le « futur » a aussi comme conséquence indirecte (mais voulue) de tellement surcharger le médecin qu’il est dorénavant indisponible pour réfléchir, s’engager dans des réformes, voire même se révolter. 

Je pourrais encore parler des lourdes économies faites ces dernières années sur les honoraires médicaux via une révision de la  nomenclature et un gel de l’index entre autres. Économies de plusieurs centaines de millions d’euros et dont on parle bizarrement moins dans les journaux. 

Ou encore citer le chantage malsain auquel s’est livrée Maggie De block il y a peu concernant le sensible dossier du Numerus Clausus: elle menaçait  de ne pas signer l’Arrêté Royal qui permet aux étudiants francophones terminant leurs études de médecine en juin 2019 d’avoir un numéro d’Inami; sous prétexte que le filtre instauré par Jean-Claude Marcourt ne serait pas efficace (alors que l’efficacité dudit filtre ne pourra être réellement évalué qu’en 2024). 

Comment faut-il comprendre cette campagne de dénigrement, sans verser dans le complotisme? Je soupçonne que tout cela n’est pas gratuit.

Installer un climat de méfiance  vis-à-vis du médecin afin de l’atteindre dans sa respectabilité et diminuer son crédit, qu’il soit moins écouté, moins légitime. Cela permettrait de l’isoler, et à terme de l’atteindre dans son indépendance d’esprit et de travail, pour en définitive, le soumettre à la loi du plus fort : celle des politiques de Santé Publique où il n’aurait plus grand chose à dire et où, en brave fonctionnaire de l’état, plus rien ne lui appartiendra, ni son cerveau, ni son temps, ni ses finances, ni son matériel. 

Qui a à y gagner? Certainement pas les médecins et encore moins leurs patients à mon avis. Que du contraire, ce seraient plutôt des campagnes de sensibilisation au respect mutuel qu’implique la relation thérapeutique qu’il faudrait lancer et soutenir dans cette optique. Je souhaite, n’en déplaise à tous ceux qui organisent ce médecin bashing, garder ma liberté de travail et mon autonomie de décision, non seulement pour moi, mais aussi pour la qualité de soins donnée à mes patients. Merci à tous ceux qui œuvrent en ce sens, aux autres, je dis, « nous ne sommes pas dupes ». 

Source: Le specialiste®

 

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