Le Conseil général approuve le budget 2024: le démantèlement des soins médicaux se poursuit
Le budget 2024 a plutôt un goût amer. Bien qu'une indexation de 6,05 % soit prévue pour l'année prochaine, cette adaptation de l'index est nécessaire pour préserver le pouvoir d'achat des employés du secteur médical. Aucun nouveau soin ne peut être financé avec cette indexation, et certainement pas en périodes de forte inflation.
Il ne reste rien non plus de la norme de croissance légale. La norme de croissance de 2 %, destinée à faire face au vieillissement, est complètement annulée par des interventions comptables, de sorte qu'il n'y a pas de marge pour de nouvelles initiatives non plus. L’ABSyM constate que toutes les propositions que les médecins avaient introduites ont été rejetées. Pourtant, elles répondaient toutes aux critères imposés.
Par conséquent, le secteur médical doit faire face au vieillissement de la population et à la croissance démographique, ainsi qu'au financement des nouvelles technologies, des nouveaux médicaments et des besoins accrus en matière de soins de santé mentale et de soins chroniques, et ce, sans augmentation des moyens. Heureusement, un montant a été débloqué pour le statut social des médecins spécialistes en formation (MSF) et des médecins généralistes en formation (MGF). L’ABSyM l'avait demandé dans une lettre ouverte avec insistance. Mais ce montant sort de l'objectif budgétaire.
Sourd aus aspirations de la base
L’ABSyM regrette vivement que le budget 2024 ne soit pas le fruit d'une concertation, mais uniquement de décisions imposées d'en haut. Un modèle de concertation présuppose un accord négocié, ce qui n'est absolument pas le cas ici. Le message adressé à la médico-mut est très ironique : le gouvernement ne tient absolument pas compte du modèle de concertation entre médecins et mutualités. La gouvernance se fait d'en haut ; le gouvernement est définitivement sourd aux aspirations de la base.
Le budget approuvé aujourd'hui a également enterré immédiatement le concept de ‘soins appropriés’. Sur les 80 millions d'euros d'économies réalisées au titre de ceux-ci, 58,2 millions n'ont pas pu être réinvestis dans les soins en 2024. Or, l'accord prévoyait que 50 % reviendraient au secteur en tant que tel.
Le budget 2024 prévoit une enveloppe de 10 millions d'euros pour compenser l'interdiction des suppléments d'honoraires. Les médecins n'ont pas demandé cette enveloppe et encore moins l'interdiction des suppléments d'honoraires pour les prestataires de soins non conventionnés. Une décision imposée par le biais d'une loi portant des dispositions diverses n'est pas une façon d’honorer un accord tarifaire. Curieusement, le même montant de 10 millions a été inscrit au budget pour les dentistes, alors qu'il n'y a que 11.000 dentistes contre 59.000 médecins, si l'on se base sur le nombre d'électeurs aux dernières élections.
Un doigt d'honneur
Conclusion : sur les 168.862 millions d'euros disponibles pour de nouvelles initiatives, il n'y a pas un seul euro pour les médecins, à l'exception d'un investissement de 203.000 euros pour les maisons médicales. On ne peut interpréter cela autrement que comme un doigt d’honneur envers ceux qui déposent des projets au sein de la médico-mut, à savoir l’ABSyM, le Cartel, AADM et les mutualités.
Il est d'ailleurs à noter que la part des soins médicaux dans le budget total des soins de santé est en baisse, passant de 33,836 % en 2013 à 28,562 % en 2024. La question est de savoir combien de temps les médecins et les patients continueront à tolérer ce démantèlement des soins médicaux. Le mécontentement grandit et ceux qui pensent que les médecins resteront sans bouger alors que le travail de toute leur vie est réduit à néant se trompent.
Dr Johan Blanckaert, président de l’ABSyM
À propos de l'ABSYM
Nous défendons une médecine libre avec un modèle de rémunération à l'acte, complétée par des forfaits.
Par exemple, en médecine générale, nous défendons toutes les formes de pratique et pas seulement les pratiques de groupe multidisciplinaires comme nos concurrents.
Le médecin généraliste solo doit pouvoir garder sa place.
En ce qui concerne les spécialistes, nous défendons tous les spécialistes y compris ceux qui exercent en dehors de l'hôpital.