L'administration aux médecins généralistes, la médecine aux pharmaciens

30 novembre 2021

Alors que les médecins généralistes sont relégués au rôle de secrétaires de luxe pour le tracing et le testing du Covid-19, les pharmaciens sont autorisés à pratiquer la médecine. Un avant-projet de loi autorise les pharmaciens à prescrire et à administrer le vaccin contre le Covid-19. En cas de choc anaphylactique, ils peuvent également administrer de l'adrénaline.

 

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Frank Vandenbroucke

Le ministre Frank Vandenbroucke persiste dans son projet d'autoriser les pharmaciens à vacciner contre le Covid-19, comme en témoignait déjà sa note de politique générale pour la Chambre : « Un certain nombre d’initiatives ponctuelles, comme le rôle approfondi du pharmacien en matière de testing et de vaccination, doivent aider les médecins généralistes à se concentrer sur leurs tâches essentielles. »

Un avant-projet de loi1 qui circule actuellement, concrétise un peu plus les intentions du ministre : « Dès lors, afin d’offrir une plus grande accessibilité à la vaccination et pouvoir atteindre les personnes qui ne sont pas encore vaccinées (par manque d’accès aux soins (…) il y a lieu d’étendre la possibilité de prescrire et d’administrer directement le vaccin contre le coronavirus COVID-19, aux pharmaciens, » peut-on lire dans l’exposé des motifs.

La prescription par le pharmacien n’est autorisée que « pour autant que le vaccin soit administré immédiatement dans la pharmacie où la prescription et la délivrance ont été effectuées. » Les pharmaciens n’ont donc pas le droit de remettre le vaccin contre le coronavirus au patient pour qu’il soit injecté par un médecin.

Dans la foulée, le ministre Vandenbroucke donne aussi au pharmacien l’autorisation de « prescrire et administrer par voie sous-cutanée ou par voie intramusculaire de l'adrénaline » en cas d’urgence. En outre, nous lisons dans l'avant-projet de loi que le pharmacien peut confier la vaccination à un assistant technico-pharmaceutique dans la mesure où il la supervise directement, avec un maximum de trois assistants par pharmacien présent.

No pasaran !

On comprend encore mieux où veut en venir Vandenbroucke lorsque, plus loin dans le texte, il apparaît que l'autorisation que reçoivent les pharmaciens pour prescrire et administrer le vaccin Covid-19 peut être étendue à d'autres types de vaccins.

Autoriser les pharmaciens à administrer le vaccin contre le coronavirus est une gifle pour les médecins (généralistes) qui ont combattu le coronavirus en première ligne depuis le début de l'épidémie et qui croulent maintenant sous une montagne d'administration. L’administration aux médecins et la médecine aux pharmaciens. Où est la logique ?

Cet avant-projet de loi est également une attaque directe contre la profession d'infirmier(e). Contrairement aux pharmaciens, les infirmier(e)s et les médecins ont la formation clinique pour administrer les vaccins et réaliser le suivi du vaccin. Il y a plus qu'assez de médecins et d'infirmier(e)s dans ce pays pour assumer la tâche de la vaccination contre le coronavirus et la mener à bien. Et c’est avec eux que la qualité des soins sera optimale.

Pour l'instant, il semble que le lobby des pharmaciens, qui revendique ouvertement la vaccination, soit en train de gagner sa bataille. Mais c'est sans compter sur l'ABSyM. Pour nous, c'est un "no pasaran".  Si cet avant-projet devient une loi, l'ABSyM utilisera tous les moyens pour la contester.

Dr. Luc Herry

Président ABSyM

1 Avant-projet de loi relatif à la vaccination et à l’administration, par des pharmaciens exerçant au sein d'officines pharmaceutiques ouvertes au public, des vaccins autorisés dans le cadre de la prophylaxie du COVID-19 et au prélèvement, à l'exécution et à l’interprétation des tests antigéniques rapides.

À propos de l'ABSYM

Nous défendons une médecine libre avec un modèle de rémunération à l'acte, complétée par des forfaits.
Par exemple, en médecine générale, nous défendons toutes les formes de pratique et pas seulement les pratiques de groupe multidisciplinaires comme nos concurrents.

Le médecin généraliste solo doit pouvoir garder sa place.

En ce qui concerne les spécialistes, nous défendons tous les spécialistes y compris ceux qui exercent en dehors de l'hôpital.