Entre ceux du terrain et ceux des étages, comment améliorer les relations?

31 mars 2022

Prisonniers d'un certain jargon et de leur hyperspécialité, les représentants des médecins " deviennent vite suspects de s'intéresser davantage aux labyrinthes de commissions qu'au bon fonctionnement de la médecine et dès lors, sont vite vus comme otages des politiques ".

Absence de stratégie de communication destinée aux praticiens

Paradoxalement, la désaffection des praticiens de terrain pour leurs propres associations ne mobilise pas les administrateurs de ces dernières. Tous prétendent se soucier de leur base, mais il y a peu d'efforts visibles pour la séduire. Si aucune stratégie de communication claire ne transparaît pour les médecins concernés, dont je suis, que dire alors des autres? La plupart des représentants des médecins, au demeurant fort enthousiastes et dévoués, mobilisent leurs énergies à discuter des projets de réformes imaginés par les administrations et les cabinets. Ils deviennent des experts en jargon politique et connaissent à fond les projets et les textes de loi. Mais ce faisant, ils deviennent suspects de s'intéresser davantage aux labyrinthes de commissions qu'au bon fonctionnement de la médecine et dès lors, sont vite vus comme otages des politiques.

Beaucoup de médecins jugent leurs associations impuissantes pour contenir les dérives bureaucratiques et les affectations insuffisamment justifiées de l'argent de la sécu, les frais administratifs des mutuelles étant souvent cités. Mais d'autres facteurs interviennent, comme les différences fondamentales entre les activités de terrain et les activités autres, également respectables, liées à l'organisation et au financement. Tout se passe comme si pratique et politique occupaient deux planètes.

Beaucoup de médecins de terrain jugent leurs associations représentatives impuissantes pour contenir les dérives bureaucratiques...

Jean Creplet

La planète pratique

Deux choses la caractérisent: l'immédiateté des décisions et le nombre de compétences scientifiques, techniques et manuelles requises. Heureusement, dans le feu de l'action les métiers apprennent à travailler ensemble et des équipes se constituent surtout sous l'influence de médecins ou de soignants ayant le leadership et le management dans le sang. Il s'agit déjà de fonctions généralistes dépendant plus d'aptitudes personnelles que de connaissances préétablies. Mais au-delà de cet esprit d'équipe entre professionnels unis par les services concrets aux malades, il y a évidemment des fonctions à remplir dans les étages.

La planète politique

Et là, je défie quiconque de se retrouver dans les dédales d'organes d'où dévalent des flots de rapports et de règlements. Ceci dit sans stigmatiser aucunement la politique, mais au contraire en me demandant comment lui faire mieux mériter son titre de Reine des fonctions généralistes et surtout, d'éviter sa déconnexion du terrain. Les leaders médicaux devraient montrer l'exemple par une meilleure communication avec une large base de praticiens.

Je fais donc ici un vibrant plaidoyer pour un effort de communication des associations médicales vers les médecins de terrain, toutes spécialités confondues. Ce qui répond d'ailleurs à la loi sur les organisations représentatives du corps médical. De quoi parler en premier lieu? Souvenez-vous du pacte d'avenir des mutuelles (jDM N° 2690). Six axes de modernisation: information et coaching, connaissances et stratégie, contrôle et efficacité, médecins conseils, assurance obligatoire, gouvernance et transparence.

Et si pour les parties de ces missions qui relèvent d'abord d'eux-mêmes en raison de leur proximité avec les malades et les autres soignants, les médecins se montraient capables d'initiatives?

Il ne me revient pas de dire ici quelles priorités devraient être mises en avant.

Mais je suis frappé par le nombre de patients qui attendent beaucoup des médecins pour leur consacrer du temps au-delà des aspects purement techniques de la démarche médicale.

Certes, les médecins ne peuvent pas tout faire, mais ils ne peuvent pas non plus tout abandonner à d'autres au risque de voir se développer toujours plus de bureaucraties.

Dr Jean Creplet

Source : Le Journal du médecin

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