Dématérialisation des prescriptions et innovations futures (Marc Moens)
Pour Marc Moens, le président de Recip-e , la dématérialisation est un jalon majeur pour la prescription électronique et pour une numérisation plus poussée des soins de santé. À la clé, pour les médecins, plus de temps à consacrer aux soins proprement dits et davantage d’information pour en améliorer encore la qualité grâce à l’informatisation des processus administratifs.
« Recip-e asbl a été fondée il y a plus d’une dizaine d’années au départ d’une association de fait existante, dans le but d’informatiser les prescriptions médicales. Il s’agit d’une organisation créée par des prestataires pour les prestataires et pour les patients (utilisateurs finaux) avec qui ils entretiennent une relation de confiance dans le cadre de leur activité professionnelle. »
« Recip-e, c’est toutefois aussi le nom de l’application qui permet de rédiger une ordonnance électronique (prescripteurs), d’aller la chercher (pharmaciens) et – avec la dématérialisation qui s’annonce – de la gérer en temps réel (patients). »
« Entre-temps, cette application a énormément évolué et se trouve à la veille d’un tournant majeur de son histoire : la dématérialisation de la prescription est déjà normalement effective depuis ce 1er juin 2021 dans les officines publiques et le 15 septembre 2021 au plus tard au niveau des prescripteurs (médecins, dentistes et sages-femmes). Le patient pourra alors aller chercher ses produits à la pharmacie avec son eID sans avoir besoin d’un document papier, même si la possibilité d’une prescription papier ou électronique, via une appli, est également maintenue. »
« Il y aura donc plusieurs options en sus de celles qui existent déjà. Comme dans d’autres secteurs, le patient fonctionnera sur un mode beaucoup plus virtuel avec la possibilité de gérer lui-même sa santé. L’auto-empowerment et la concertation avec les prestataires de soins sur la base de la connaissance de son état de santé déboucheront également sur des possibilités plus larges pour des soins de qualité. Il n’est en effet pas question ici d'un changement dans la manière dont le patient quitte le cabinet médical ou se rend à la pharmacie, mais tout autant d’une stimulation des interactions entre prestataire et patient. »
Test
« Une étude pilote est en cours depuis décembre 2020 pour tester les nouveaux logiciels en production dans un certain nombre de pharmacies. Le nombre d’officines avec différents logiciels tests a été accru de façon progressive, ce qui a permis de remédier à leurs « maladies d’enfance » avant de mettre toutes les pharmacies en production. »
« Depuis avril 2021 s’y sont ajoutés un certain nombre de médecins qui testent les suites de logiciels en médecine générale et spécialisée, mais aussi des patients ont eu l’occasion de s’essayer à la gestion de leurs prescriptions via www.masante.be. Recip-e a ainsi testé toute la chaîne avant de déployer la production à grande échelle. »
« L’application Recip-e se compose d’une base de données centrale, hébergée sur des serveurs extrêmement sûrs. Les producteurs de logiciels développent leurs propres programmes en y intégrant Recip-e de manière à permettre à l’utilisateur final de travailler sur le système. Le médecin génère ainsi des prescriptions qui sont conservées sous une forme sécurisée sur le serveur Recip-e, où le pharmacien peut les consulter – toujours de façon sécurisée – par le biais de son propre logiciel. Le patient a aussi la possibilité de consulter la base de données, de gérer ses prescriptions et de les utiliser pour aller à la pharmacie. Le tout avec l’aide des services de base de la plateforme eHealth. »
« Le fonctionnement efficace de Recip-e nécessite donc la coordination d’une foule de services : l’hébergement de Recip-e et d’eHealth, les logiciels des utilisateurs finaux, les connexions entre les différents éléments de la chaîne du service, dont notamment le monitoring du système et le fonctionnement des services de base d’eHealth… »
Dématérialisation
« Dans le contexte de la dématérialisation prochaine, le seconde semestre 2020 a été l’occasion d’apporter de nombreuses optimisations notamment à l’architecture et à l’hébergement de Recip-e afin d’être fins prêts pour une utilisation à plus grande échelle et de garantir une meilleure stabilité. Depuis juin 2020, le monitoring de l’application Recip-e a été complètement adapté aux technologies les plus récentes afin d’assurer une détection précoce des erreurs et de prévenir les incidents. Depuis mi-juillet 2020, la connexion entre Proximus (l’hébergeur de Recip-e) et Smals (celui d’eHealth) a par ailleurs été optimisée. »
« Les processus de continuité d’activité (business continuity processes ou BCP) des services de base d’eHealth au niveau de Recip-e ont également été adaptés afin qu’une panne chez eHealth n’ait pas ou guère d’impact sur Recip-e. La condition est évidemment aussi que les suites de logiciels implémentent cette continuité d’activité dans leurs produits… mais là, cela ne dépend plus de Recip-e. »
« Depuis le 22 novembre 2020, Recip-e dispose en outre d’une plateforme BCP évolutive dernier cri auprès de son propre hébergeur, Proximus, qui a été mise en place en l’espace de 5 mois. Grâce à son système de monitoring novateur, Recip-e asbl est également en mesure de mesurer et de faire adapter en temps réel la performance de la nouvelle plateforme et l’effet des différentes actions de BCP. »
Élargissement
« Enfin, l’équipe opérationnelle de Recip-e aussi a été fortement élargie, avec à la clé une nette professionnalisation du développement et de la gestion de l’application. Depuis mi-2020, l’asbl est parée pour s’atteler à des innovations efficaces. »
« Entre-temps, Recip-e asbl a aussi acquis une solide expérience de son domaine. Les besoins des prescripteurs, des délivreurs et des patients sont désormais bien connus grâce aux nombreux contacts avec les stakeholders et à l’intégration par dessein du feedback des utilisateurs finaux-prestataires de soins dans l’organisation par le biais des organes de gestion de Recip-e asbl. Ceux-ci se composent en effet de représentants des organisations de prestataires de soins, telles qu’elles sont également représentées au Comité de l’Assurance de l’Inami. »
« Bref, Recip-e est prêt à affronter l’avenir. »
« Les prestataires de soins se profilent vis-à-vis du patient comme des partenaires de confiance. Ils sont donc idéalement placés pour assurer la gestion des données générées dans le cadre de cette relation de confiance et pour développer les processus d’activité par le biais de leur représentants au sein des organes de direction de Recip-e asbl. »
« Grâce à la formidable connaissance du secteur développée au sein de l’asbl Recip-e et à l’implication structurelle des utilisateurs finaux dans la gestion de l’organisation, il sera possible dans le futur d’adapter l’application de manière à intégrer immédiatement les lettres de renvoi à d’autres prestataires au flux des prescriptions de médicaments. »
Harmonisation
« En tenant compte des analogies entre ces deux types de prescriptions, il sera possible d’appliquer de nouveaux standards aussi bien aux prescriptions de médicaments qu’aux lettres de renvoi sur la base d’un design unique. L’implémentation future d’innovations sur le plan aussi bien de la gestion et de la stratégie d’entreprise que de la technologie pourra ainsi être harmonisée, à condition évidemment de disposer du personnel nécessaire. »
« Forte des formidables connaissances techniques et du secteur qui existent au sein de son équipe opérationnelle, de l’intégration structurelle des prestataires dans l’organisation de l’asbl et du lien de confiance que ces prestataires développent en continu avec leurs patients, Recip-e asbl est demandeuse d’un ancrage légal de ses activités. Celui-ci permettrait de garantir la disponibilité du système de base de Recip-e pour tous les habitants du pays et d’avoir l’assurance que le fonctionnement de la rédaction, de la délivrance et de l’exécution des prescriptions est en de bonnes mains : celles des prestataires de soins eux-mêmes. Impliqués dans ces activités au quotidien, ces acteurs connaissent en effet mieux que quiconque les besoins du service de base. »
Dr Marc Moens
Source: Le Spécialiste
À propos de l'ABSYM
Nous défendons une médecine libre avec un modèle de rémunération à l'acte, complétée par des forfaits.
Par exemple, en médecine générale, nous défendons toutes les formes de pratique et pas seulement les pratiques de groupe multidisciplinaires comme nos concurrents.
Le médecin généraliste solo doit pouvoir garder sa place.
En ce qui concerne les spécialistes, nous défendons tous les spécialistes y compris ceux qui exercent en dehors de l'hôpital.