Communiqué de presse de l'ABSyM: Le rapport KCE : billet d’humeur du président de l’ABSyM
Bruxelles, le 07 avril 2016
La dernière livraison du KCE a généré de très nombreuses réactions, reprises dans les différents organes de presse médicale.
La demande originelle d’une enquête à confier au Kenniscentrum/Centre d’expertise émane de l’INAMI et l’objet de l’étude portait sur l’organisation et le financement des services d’urgence en Belgique. Comme les représentants d’autres organisations, nous avons été interviewés par le groupe consultant mandaté pour mener cette étude. Apparemment, les missions se sont élargies au cours du temps puisque le rapport final consacre une partie de ses réflexions à la situation de l’organisation de la garde en médecine générale, en particulier les postes de garde de médecine générale et le système d’appel centralisé 1733.
Tant pour ce qui concerne les services d’urgence hospitalier que pour l’organisation de soins de première ligne en dehors des heures de bureau, l’étude fournit de nombreuses données chiffrées, une analyse de la législation existante tant INAMI que SPF Santé Publique, et une lecture comparative de la situation des soins urgents dans 5 pays. Les tableaux de référence sont, comme toujours, intéressants à consulter. De nombreuses études publiées dans la littérature sont reprises, parfois de façon un peu sélective puisque les publications dans le British Medical Journal, mettant en cause la qualité du système anglais d’appel triage centralisé, ne figurent pas dans les éléments mentionnés dans les tables des références annexées au rapport. Par contre, l’œcuménisme du KCE est extrêmement large puisqu’il mentionne comme référence une publication de Test-Achats dont nous connaissons tous la rigueur méthodologique.
Comme on a déjà pu le constater à de nombreuses reprises (2 publications sur le PET-scan, 1 publication sur les examens neurophysiologiques, 1 publication en pneumologie et autres) le KCE publie ici, en conclusion de ses analyses détaillées, des propositions de réforme, tant pour les services d’urgence que pour les soins de première ligne, qui vont au-delà de la synthèse des analyses effectuées. C’est par le plus grand des hasards que les propositions de réforme ou modification rejoignent les options prises et annoncées par la Ministre de la Santé publique et des Affaires sociales, comme ce fut le cas dans le passé, lorsque Madame Onkelinx ou Monsieur Demotte étaient ministres en charge de ce département. La cohérence est totale puisque nous lisons dans la presse que la Ministre de la Santé publique s’est réjouie d’avoir pu constater que les propositions de réforme du KCE étaient celles qu’elle avait elle-même imaginées : quelle divine surprise. On en arriverait à suspecter que les objectifs définis par la Ministre deviennent, par la magie d’une étude documentée, des conclusions incontournables puisque « scientifiquement fondées ». On ne peut qu’espérer que les conditions seront réunies pour un débat contradictoire qui ne fait que commencer.
Bien évidemment, ce rapport, préparé en 2015 et présenté aux personnes intéressées à la fin janvier 2016, n’a pas pu tenir compte des discussions qui se mènent depuis le début de cette année au Cabinet de la Ministre, sous la direction de la cellule stratégique, avec la participation de tous les acteurs concernés : hôpitaux, urgentistes, syndicats médicaux, associations de généralistes, mutualités, INAMI et Santé publique.
Les débats sont complexes et les différents partenaires se sont engagés à poursuivre la réflexion dans tous les domaines de cette problématique. À l’heure actuelle, on ne peut pas parler d’un accord sur les différents sujets abordés, et ce n’est d’ailleurs pas la mission dévolue à cette Taskforce par la Ministre.
L’ABSyM continuera à œuvrer dans le sens d’une solution acceptable par tous les intervenants, en respectant un certain nombre d’objectifs à atteindre, dans le respect des métiers de chacun, et surtout motivée par la volonté d’évaluer le service rendu au patient par les différentes formes de prise en charge des urgences.
Nous citerons que le système doit être organisé pour que le malade bénéficie d’une prise en charge adéquate, avec des délais raisonnables en fonction de son état, en tenant compte aussi de la balance entre les coûts de mise en œuvre des différentes modalités de prise en charge et le résultat obtenu, tant en qualité des interventions, satisfaction des prestataires et gestionnaires ainsi que des patients eux-mêmes.
Le groupe de travail postes de garde de médecine générale de la Commission nationale médico-mutualiste se réunira d’ici peu : ce sera l’occasion de remettre sur la table ce que nous avons déjà demandé début de l’année passée, à savoir une analyse des coûts engagés en regard du service rendu, c.-à-d. les coûts d’investissement et de frais de fonctionnement des postes de garde de médecine générale, leur activité pendant les périodes d’ouverture, l’ouverture 61 heures/WE de tous les postes de garde, la liberté pour les médecins généralistes des cercles de créer ou non un poste de garde, l’obligation pour les cercles de médecine générale (organisateurs légaux de la garde en médecine générale) de conclure des accords de collaboration, d’adressage, de ré-adressage, et de prise en charge avec l’ensemble des services d’urgence hospitalier travaillant dans la zone desservie par le cercle des médecins généralistes.
Les débats autour du triage téléphonique centralisé 1733 se poursuivent : distinction entre triage (classification du niveau d’urgence) et régulation – l’adressage fait l’objet de beaucoup de discussions, de même que la possibilité de considérer le 1733 comme un centre d’orientation en fonction d’un diagnostic posé sur algorithme versus le 1733 comme centrale téléphonique référant à la garde du cercle de généralistes ou à l’hôpital, en fonction de l’algorithme de classification d’urgence.
Affaire à suivre donc.
L’ABSyM mettra à profit sa capacité de réunir autour d’une même table médecins généralistes et médecins urgentistes pour contribuer à arriver à une solution satisfaisante pour tous.
Dr Jacques de TOEUF
Président de l’ABSyM
À propos de l'ABSYM
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