Communiqué de presse ABSyM: L’ABSyM se montre critique à l’encontre de la nouvelle étude relative aux maisons médicales
Une nouvelle étude de l’Agence InterMutualiste (AIM) indique que les maisons médicales, dont le système de financement est forfaitaire, sont meilleur marché et au moins aussi qualitatives que les cabinets de médecine générale classiques qui sont rétribués à l’acte. L’ABSyM émet de sérieux doutes quant à la réalisation et aux résultats de cette enquête.
Selon l’AIM, les coûts induits par les centres de santé régionaux (appelés ‘maisons médicales’) et la médecine générale classique sont équivalents. Dans les maisons médicales, les dépenses de première ligne telles que la médecine générale, la kinésithérapie et l’art infirmier sont plus élevées mais les dépenses en hôpitaux, centres de santé et médicaments sont moindres. Le problème est que l’étude compare deux échantillons de chacun 50.000 patients présentant, selon l’AIM, les « mêmes caractéristiques (âge, sexe, profil socio-économique…) ». À ce sujet, l’ABSyM émet de sérieux doutes. Il est difficile de croire que suffisamment de patients plus âgés sont inscrits dans les maisons médicales pour rendre l’étude représentative.
Selon l’audit le plus récent de l’INAMI[1], il semble que les maisons médicales possèdent en moyenne beaucoup de dossiers de patients plus jeunes que ceux des médecins généralistes classiques. Ainsi, quelque 77% des patients inscrits dans une maison médicale ont moins de 50 ans, alors que chez les médecins généralistes ordinaires, ce pourcentage est de 61. À peine 3,5 % des patients en maisons médicales sont âgés de 70 à 79 ans ; 1,6% à peine sont âgés de 80 à 89 ans et 0,6% d’entre eux ont 90 ans et plus. Nous citons ici le rapport d’audit : « Cela démontre que c’est surtout une population plus jeune qui fait appel aux services des maisons médicales, comme par exemple des familles avec de jeunes enfants. » La comparaison avec les chiffres de la population du SPF Économie[2] nous apprend que, dans sa pratique de tous les jours, un médecin généraliste classique traite 3,25 fois plus de patients âgés de 65 ans et plus qu’un médecin généraliste en maison médicale.
Les médecins généralistes classiques traitent donc davantage de patients plus âgés qui, comme nous le savons, coûtent significativement plus cher à l’assurance-maladie. Décider, sur la base de cet échantillon, que les maisons médicales sont moins coûteuses que les médecins généralistes traditionnels n’est pas crédible. Des recherches supplémentaires et davantage de chiffres sont nécessaires pour parvenir à une conclusion valable. Avec des statistiques, on peut presque tout démontrer, à plus forte raison quand on sait à l’avance ce qu’il faut prouver. Pour emprunter les mots de Benjamin Disraeli : ‘ll y a trois sortes de mensonges: le mensonge ordinaire, le parjure et les statistiques’.
En outre, l’AIM oublie de mentionner que les maisons médicales ne sont pas seulement financées par l’INAMI. Dans certains cas, elles reçoivent parallèlement des subsides des mutualités, des facultés de médecine, des provinces ou encore des villes et des communes ou bien ces dernières mettent gratuitement à leur disposition des locaux ou toute autre infrastructure. Tout cela place les maisons médicales dans une situation de concurrence déloyale par rapport aux médecins généralistes actifs classiques.
L’AIM veut plus de garanties pour la continuité et la qualité des soins dans chaque maison médicale. C’est plus que légitime, selon l’ABSyM. Les médecins généralistes pratiquant en maison médicale travaillent souvent à temps partiel et n’assurent pas toujours eux-mêmes un service de garde. Si, pendant les gardes, les patients inscrits en maison médicale sont pris en charge par des médecins généralistes ordinaires, ces derniers doivent envoyer leurs notes d’honoraires aux maisons médicales. Mais dans bon nombre de cas, ces généralistes ne se voient pas payer leurs honoraires. Nombreuses sont les maisons médicales qui font fi de cette obligation.
L’AIM appelle à encourager les maisons médicales à collaborer de manière multidisciplinaire. L’ABSyM est partisane de la collaboration interdisciplinaire mais pas selon le modèle collectiviste incluant l’inscription obligatoire du patient. Après plus de 50 ans de fonctionnement et de soutien de plusieurs mutualités et politiciens, seule 3,4% de la population est encore soignée dans les maisons médicales. Les 11 millions d’autres Belges préfèrent rester très justement fidèles à leur propre médecin généraliste en qui ils ont confiance.
Dr Marc Moens
Président de l’ABSyM
À propos de l'ABSYM
Nous défendons une médecine libre avec un modèle de rémunération à l'acte, complétée par des forfaits.
Par exemple, en médecine générale, nous défendons toutes les formes de pratique et pas seulement les pratiques de groupe multidisciplinaires comme nos concurrents.
Le médecin généraliste solo doit pouvoir garder sa place.
En ce qui concerne les spécialistes, nous défendons tous les spécialistes y compris ceux qui exercent en dehors de l'hôpital.