Communiqué de l'ABSyM : Le plan de garde de Mme Onkelinx

22 novembre 2013

Madame Onkelinx a présenté ce mercredi 20 novembre son plan de garde à la presse. Il s’inspire largement des suggestions que nous lui avions faites. Il était temps.
 

Madame Onkelinx a présenté ce mercredi 20 novembre son plan de garde à la presse. Il s’inspire largement des suggestions que nous lui avions faites. Il était temps.

 

La révolte succédait au mécontentement chez les médecins généralistes. L’enlèvement, la maltraitance, les menaces dont a fait l’objet un médecin généraliste de Peruwelz au cours de sa garde, non seulement représentait la pointe de l’iceberg mais a constitué un déclencheur d’action de grève prête à s’étendre comme une traînée de poudre.

 

L’insécurité est, en effet, devenue le problème n°1. Si, la trousse du médecin généraliste représentait dans le temps un sauf-conduit plus efficace qu’une mallette diplomatique, elle fait à présent l’effet d’une cible. Le médecin généraliste est amené à se rendre dans les quartiers les plus menaçants, chez des inconnus et  … seul. Les policiers, eux, sont toujours au moins deux et armés !

 

Bien sûr, cette insécurité ne concerne pas que la garde mais, le médecin, de plus en plus souvent une femme, est, à ce moment-là, plus vulnérable. Cela entraîne un stress qui, à la longue devient insupportable.

 

Si au moins c’était utile … mais le deuxième sentiment du médecin de garde est l’inutilité de sa tâche. Bien sûr, il reste quelques visites indispensables (dans les MRS, en soins palliatifs, …) mais la plupart des appels où le médecin généraliste était utile ont disparu. Les patients qui sont conscients qu’ils ont toutes les chances d’être envoyés à l’hôpital s’y rendent directement. La décompensation des patients chroniques est plus rare. Les cardiaques sont stentés et sous médicaments utiles, les asthmatiques ont leurs aérosols, … Qui appelle ? Les patients négligents qui auraient pu appeler en journée et ceux qui estiment qu’un médecin de garde est à leur service et corvéable et taillable à merci et de surcroît, ne voient pas pourquoi il faudrait en plus le payer.

 

Dévoués, les médecins généralistes le sont toujours mais au moins pour la bonne cause, pas pour rencontrer les exigences sans limite et méprisantes de la partie de la population la moins respectueuse.

 

Sans compter, que le luxe de possibilités offertes à la population pendant la garde peut se retourner contre elle. La population a, en effet, le choix entre aller à la garde de l’hôpital de son choix, appeler l’ambulance ou appeler le médecin généraliste mais le choix qu’elle fait n’est pas toujours judicieux. Appeler le MG en cas de douleurs dans la poitrine qui s’avèrent provenir d’un infarctus retarde le moment où le patient peut recevoir une thrombolyse où chaque minute perdue signifie du tissu cardiaque altéré de manière irrécupérable. Un tri des appels peut guider les patients vers la solution la plus adaptée.

 

Enfin, la récurrence des gardes qui s’ajoutent à un travail de semaine déjà particulièrement lourd, conduit à un épuisement du médecin généraliste et fait croître le nombre de médecins en burn-out ; c’est-à-dire de médecins dont les capacités à soigner correctement les patients faiblissent.

 

La garde en médecine générale n’est plus ce qu’elle était avant, un service rendu entre médecins pour assurer la continuité des soins à leurs patients mais bien un service public imposé et dont l’utilité peut être remise en question et dont la sécurité et le fonctionnement ne sont pas assurés par l’autorité.

 

Devant la lame de fond issue des généralistes de terrain et la volonté des organisations professionnelles dont l’ABSYM s’est faite le relai et le leader, la Ministre a décidé un certain nombre de mesures :

- L’extension du tri des appels dont elle chiffre le coût à 3 millions d’euros, somme dérisoire dans le budget des soins de santé.

- L’extension du nombre de postes de garde qui ne couvrent pas encore l’ensemble du pays, ces postes de garde ont été financés jusqu’ici à hauteur de 17 millions d’euros ; ce qui ne constitue pas un budget excessif même en période de crise d’autant plus qu’une partie (6 millions) a été financée au dépend de l’indexation des honoraires et que ces postes de garde, même quand ils comporte une voiture avec chauffeur, s’autofinance dans la mesure où un moins grand nombre de médecins de garde est nécessaire ce qui engendre une économie sur les honoraires de disponibilité et où 80% des visites sont transformées en consultations (au poste de garde). Ces dernières sont de l’ordre de 30% moins chères.

 

Il serait cependant temps d’aller un pas plus loin et d’organiser une garde sur la base d’un volontariat et d’une professionnalisation, c’est-à-dire de confier la garde à des médecins généralistes qui veulent la faire et à ceux qui veulent en faire un métier, ne fût-ce que pendant une partie de leur carrière. C’est parfaitement organisable à condition de le vouloir et de ne pas exclure de la médecine générale et de cette possibilité de carrière, tous ceux qui ne se conforment pas à une pratique traditionnelle, c’est-à-dire près de 6.000 médecins (actuellement angoissés sur leur sort). Il ne faut pas non plus pleurer tous les jours sur la pénurie et se priver d’une bonne partie des forces vives de la médecine générale.

             

Dr. Roland Lemye, Président ABSyM

 

Pour plus d’information sur ce communiqué de presse:

David Desmet, responsable de la communication ABSyM, attaché du Président

david.desmet@absym-bvas.be, 0491/233.000

À propos de l'ABSYM

Nous défendons une médecine libre avec un modèle de rémunération à l'acte, complétée par des forfaits.
Par exemple, en médecine générale, nous défendons toutes les formes de pratique et pas seulement les pratiques de groupe multidisciplinaires comme nos concurrents.

Le médecin généraliste solo doit pouvoir garder sa place.

En ce qui concerne les spécialistes, nous défendons tous les spécialistes y compris ceux qui exercent en dehors de l'hôpital.