Communiqué de l'ABSyM : Consultation médicale tardive
Les autorités ne cessent de répéter, après des études dont la fiabilité n’est pas prouvée, que les patients refusent certains soins pour des raisons financières et qu’il faut donc diminuer les tickets modérateurs et étendre le tiers-payant.
Cette affirmation n’a pas lieu d’être car les classes défavorisées sont ultra protégées (TP, remboursement préférentiel, maximum à facturer (MAF), CPAS) et peuvent bénéficier de soins gratuits pour lesquels les mutuelles font des publicités éhontées (ces soins gratuits s’adressent d’ailleurs à toute la population – Croix Jaune et Blanche, SSD, Maisons médicales).
De nombreux médecins, en dehors de ceux qui s’affichent ostensiblement comme les médecins des pauvres sans l’être eux-mêmes, les soignent gratuitement (car personne n’a le monopole du cœur). Ils bénéficieraient encore d’échantillons de médicaments gratuits si les autorités ne les avaient pas interdits. En fait, les gens ont souvent peur des frais induits (examens complémentaires) et surtout de mettre le doigt dans l’engrenage de la maladie.
De nombreux médecins généralistes vous diront qu’ils sont appelés tous les jours par des patients qui se disent « après coup » incapables de payer et qui s’adressent la fois suivante à un autre médecin pour recommencer ou encore, ils vous offrent une vignette même s’ils ne se trouvent pas dans la catégorie de patients pour lesquels c’est autorisé. Ils vous diront aussi que lorsqu’ils se rendent chez ces patients, ils y trouvent des chaînes Hifi et des écrans géants qu’eux-mêmes ne peuvent se payer.
Le problème ne serait-il pas ailleurs ? Les mutuelles ne proposent plus de services de proximité. Leurs bureaux (l’un pour telle mutuelle, l’autre pour telle autre parfois même de la même couleur politique…), qu’ils appelaient pompeusement « permanence » alors qu’ils étaient ouverts deux fois deux heures par semaine, ont disparu.
Les patients, même les plus pauvres, doivent disposer d’un compte bancaire pour bénéficier de leur remboursement et tout ça n’est ni gratuit ni facile, d’un point de vue administratif. Ne serait-il pas plus simple, dans ces conditions, de disposer d’un endroit unique de remboursement à l’INAMI ? Cette caisse existe et a eu peu de succès du temps où les bureaux des mutuelles rendaient des services mais maintenant, ce n’est plus le cas !
Ceci dit, une autre cause probable dans la décision tardive des gens à consulter, est la confiance perdue en la confidentialité de leurs données. Le travail en équipe, le partage des données, la récolte de certaines d’entre elles, les circuits informatiques, éveillent en eux un doute. Bien sûr, les gens sont prêts à dire beaucoup de choses de leur état de santé mais cela dépend à qui. Et quoi. S’ils prennent la peine de changer de pharmacie pour se procurer du sildenafil, ce n’est pas pour que leur propre pharmacien soit au courant. Parfois, ce n’est même qu’une question d’opportunité mais le patient n’apprécie pas que son médecin ou son pharmacien sache qu’il lui a fait des infidélités. Les mutuelles avancent dans les voies qu’elles se sont tracées, sans même écouter les patients qu’elles prétendent défendre, de surcroît.
Pour notre part, nous nous interrogeons surtout sur leur utilité résiduelle.
Dr Roland Lemye
Président de l’ABSyM
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