Billet d'humeur du Dr Roland Lemye : Qu'est-ce que l'accessibilité aux soins de santé ?

2 octobre 2013

Monsieur Hermesse, Secrétaire général des Mutualités Chrétiennes, en faisait son édito dans le dernier « En Marche », organe officiel des Mutualités Chrétiennes. Il en fait en plus son cheval de bataille. Pourtant l’accessibilité il ne la connaît que par les statistiques, quelques sondages (… orientés) et les réflexions des penseurs en chambre.

Monsieur Hermesse, Secrétaire général des Mutualités Chrétiennes, en faisait son édito dans le dernier « En Marche », organe officiel des Mutualités Chrétiennes. Il en fait en plus son cheval de bataille. Pourtant l’accessibilité il ne la connaît que par les statistiques, quelques sondages (… orientés) et les réflexions des penseurs en chambre.

 

Les patients retardent leurs soins. Invraisemblable que ce soit à cause du prix de la consultation du MG ! La majorité de ces derniers acceptent un patient qui ne peut payer ou un paiement différé quand le patient sera remboursé de la mutuelle.

 

Nombre d’entre eux font déjà le tiers-payant mais sur une base volontaire et aux seuls patients qui en ont besoin. Ils leur en sont reconnaissants d’ailleurs, ce qui n’arrivera plus si c’est obligatoire : un droit est un droit, nul besoin d’un merci ! Le gouvernement peut créer des droits aux dépens de catégories de citoyens… tout va bien !

 

Il n’empêche que le tiers-payant s’étend comme une tache d’huile, la consultation du médecin apparaît comme un droit et prend l’apparence de gratuité.

 

Cette mesure aura pour conséquence l’accentuation du manque de respect pour le médecin : tout est dû. Le patient n’a qu’à exiger et il n’a plus de compte à rendre.

 

Au moins, ce tiers-payant sera-t-il utile pour l’accessibilité ?

 

La médecine générale ne présente aucun caractère d’inaccessibilité. Il est toujours possible de trouver la prise en charge par un médecin généraliste. Le frein financier du coût des soins de santé ne le concerne pas. Si les patients reportent leurs soins, ce n’est pas à cause d’une difficulté d’accès à la médecine générale mais ils savent qu’au-delà d’une éventuelle consultation, ils auront à payer des médicaments, des examens complémentaires et entrer dans un engrenage que beaucoup redoutent indépendamment du prix.

 

Le tiers-payant obligatoire en médecine générale ne résoudra rien, alourdira la charge administrative du médecin généraliste et aura un coût. Les offices de tarification ne sont pas gratuits. Bien sûr, MyCareNet facilitera le tiers-payant mais en imposant le trajet des mutuelles de plus en plus arrogantes et hégémoniques.

 

En fait, c’est bien le but des mutuelles de dominer la situation. Dire qu’elles se soucient d’accessibilité est un fieffé mensonge.

 

Les patients le savent bien d’ailleurs, eux qui se voient refuser des soins de kinésithérapie ou l’accès à des traitements médicamenteux ou autres.

 

Bien sûr, les mutuelles justifient leur refus par l’Evidence Base Medicine mais personne n’est dupe du prétexte. De Plus, elles essaient d’en rejeter la responsabilité sur le médecin prescripteur.

 

En fait, de manière démagogique, les mutuelles souhaitent apparaître comme les instances qui permettent l’accessibilité par la gratuité et, en cette période de défédéralisation, comme des organismes d’utilité publique indispensables.

 

Mais elles se trompent (sciemment ou pas ?) sur l’accessibilité. Ce n’est pas la gratuité qui permet celle-ci. Au contraire, elle constitue un obstacle en engendrant la surconsommation et le manque de respect inhérent à ce qui est gratuit. Elle induit le rationnement auquel on assiste en matière de médicaments. Bien sûr, on les rembourse mais pas à tous ceux qui en ont besoin. Les médecins généralistes assistent à cette parodie d’accessibilité depuis plus de vingt ans.

 

Deux philosophies s’affrontent. Celle du pouvoir est de maîtriser les dépenses, la liberté des prestataires, et de rationner les patients en maintenant l’illusion de l’accessibilité et de la gratuité et celle qui veut l’accès de tout pour tout le monde même si le patient doit payer la première. C’est de la poudre aux yeux.

 

On ne pourra avoir une accessibilité qu’en responsabilisant le patient (évidemment en fonction de son revenu comme on l’a fait dans la franchise médicale devenue le maximum à facturer. C’est perfectible !) mais, rationner en prétendant que ce qui n’est pas accessible à tous n’est accessible à personne et en mentant à la population, cela sans débat public, est inacceptable.

 

Le Dr Roland Lemye

Président de l’ABSyM

 

Pour plus d’information sur ce billet d’humeur:

David Desmet, responsable de la communication de l’ABSyM, attaché du Président

david.desmet@absym-bvas.be, 0491/233.000

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