Accouchement périlleux pronostiqué pour le redéploiement des maternités (J.de Toeuf)
Le monde hospitalier s’est enflammé à la lecture de la récente publication du KCE (323) portant sur le futur des maternités. Les réactions virulentes sont à mettre en relation avec l’incertitude qui persiste quant à la mise en place des réseaux hospitaliers. Elles sont cependant surprenantes à plus d’un titre.
Il s’agit d’une étude du KCE, parmi d’autres récemment publiées, sur l’évolution attendue des besoins en lits hospitaliers, notamment l’étude KCE 289 qui traitait de la capacité hospitalière nécessaire en 2025, et se penchait, déjà, sur les maternités. Rappelons que les études du KCE sont demandées exclusivement par le Gouvernement ou des parlementaires, et que le passé nous a prouvé à maintes reprises que la percolation des idées et suggestions entre le KCE et les autorités se fait dans les deux sens. Des dossiers emblématiques l’ont amplement démontré, entre autres ceux sur les épreuves fonctionnelles respiratoires, la RMN et le PET Scan.
Le dossier Maternités est lié à celui des Services de pédiatrie, certains hôpitaux ayant ouvert une pédiatrie – désespérément sous-occupée – pour soutenir le maintien d’une maternité, alors que le besoin de lits pédiatriques hors contexte de l’accouchement était inexistant. Cela a aussi créé des contraintes à l’encontre des pédiatres.
Depuis 2016, nul n’ignore que, dans la réflexion tous azimuts de Maggie De Block, les hôpitaux occupaient une place prépondérante : réforme du financement par l’introduction de forfaits, réduction de lits aigus, encouragement des séjours de courte durée et de l’hospitalisation de jour, mise en place de réseaux loco-régionaux et définition de missions supra régionales. Des résultats rapides étaient attendus dans des dossiers symboliques : maternité, pédiatrie, urgences hospitalières, AVC. Les principes en ont été approuvés par le Comité de l’Assurance de l’INAMI (où siègent les représentants hospitaliers), par le Gouvernement fédéral, et incluses dans les conclusions de la Conférence interministérielle santé.
Aujourd’hui, le nombre minimum d’accouchements dans un service M est de 400, le taux d’occupation cible pour le financement est de 70%, le nombre minimum de lits est de 20. Cela signifie que le service M est obligatoirement staffé d’un nombre d’accoucheuses suffisant pour les 20 lits, assurant une présence 24h/24h, 7j/7j, même si les lits sont inoccupés. De nombreuses maternités wallonnes et flamandes connaissent des taux d’occupation inférieurs à 50%. Elles sont donc en déficit. Il n’y a que deux issues à cette situation de gaspillage de moyens : augmenter le nombre d’accouchements (mais la natalité…), ou réduire la capacité excédentaire. Cela tombe sous le sens.
Les Réseaux hospitaliers loco-régionaux devront rapidement réorganiser l’offre de soins périnataux, tenant compte aussi du raccourcissement de la durée de séjour. Bien que la réalité de terrain ne soutienne pas cette assertion, un nombre d’accouchements suffisant serait, selon les habituels commentateurs technocrates, essentiel pour maintenir la qualité des équipes et le niveau de connaissances des soignants et des médecins, nécessaires au bon déroulement de l’accouchement et du postpartum immédiat.
Les soins prénataux et le suivi post peuvent être assurés dans les consultations et locaux techniques ambulatoires ne nécessitant pas un environnement hospitalier. Les hôpitaux qui fermeront leurs lits M pourront parfaitement maintenir toute l’activité liée à la grossesse sur leurs sites, sans celle nécessitant de disposer de lits de séjour.
Evidemment, cela ne se fera pas en un jour : le changement de lieu de travail pour ce qui concerne l’accouchement implique des contraintes de mobilité de personnel soignant, qui devront être résolues au cas par cas, dans le respect du bien-être des personnes concernées.
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